Allez vous faire cliquer ! L’art du titre en Rédaction
Pourquoi passer des heures sur un article et cinq minutes sur son titre ? La plupart des rédac’ pense qu’il suffit de proposer des titres vaguement racoleurs pour être lus. Est-ce qu’utiliser la fameuse technique des chiffres dans le titre vous assure de voir votre papier buzzer ? Est-ce qu’il y a une méthode infaillible pour pousser les gens au clic ?
Est-ce qu’il ne serait pas temps de rappeler quelques bases en Marketing, plutôt que de répéter bêtement des poncifs chipés chez les collègues… ? En quelques mots, un peu directs, je vous révèle les bases pour donner envie aux gens de vous lire.
Je débunke les techniques de titrage que vous voyez partout…
3 raisons pour laquelle les chiffres dans les titres, c’est nul
Vous voyez ça partout, en particulier sur des sites ayant pour but de convertir ou pour des sites de réseaux SEO. Vous verrez ça aussi dans les articles d’entreprises, ceux rédigés par des rédac’s appliquant ce qu’on leur a appris avec une certitude inébranlable : le chiffre, c’est la clef pour faire du chiffre !
Le fait est qu’en 2020, avec une profusion de contenus ultra-similaires, ça devient un véritable repoussoir. Pourquoi ?
- Parce que ça fait « papier de racolage », et donc potentiellement fuir le lecteur
- Parce que ça oblige bien souvent le rédac’ à faire du remplissage inutile pour coller au chiffre
- Parce que c’est une technique de flemmards, et personne n’aime les flemmards
Le format « x trucs pour » oblige d’ailleurs votre billet à s’adapter. Il ne convient donc pas à toutes les thématiques, pas à toutes les plumes, encore moins à tous les publics.
La technique de la question-titre est-elle infaillible ?
Non. On pourrait croire que proposer un titre qui pose une question pousserait le lecteur à cliquer pour lire la réponse. Le fait est que bien souvent, les gens répondent et donnent directement leur opinion dans les commentaires. Oui, même sans lire l’article. C’est même une méthode très fréquemment utilisée en journalisme buzz… et par certaines rédactions politiques peu scrupuleuses.
Ça marche donc pour l’engagement sur la publication, mais pas pour l’engagement onsite.
Exemple typique d'une forte réaction à un titre uniquement
D’ailleurs, utiliser le format interrogatif est très bancal, car il suffit que vous n’y répondiez pas et que quelqu’un lise tout de même votre papier, pour passer pour un clampin.
La méthode secrète pour faire le titre parfait enfin dévoilée !
Ce ne sera certainement pas celle des superlatifs ni même du prétendu partage de connaissance ancestrale, ou pire, la méthode du partage de connaissance « contre l’omerta d’un secteur » (« Cette technique pour les titres que les rédacteurs Web ne veulent pas que vous connaissiez »).
Très utilisés, les titres avec des expressions fortes, des impératifs, des « comment » et des « pourquoi », fonctionnent très bien sur des sites de Marketing basiques, sur des blogs « à la papa », pour des petits partages et des petites utilisations sans ambition et pour des contenus n’en ayant pas davantage.
S’il y a une méthode pour faire un bon titre, ce n’est certainement pas celle qui est répétée partout. Certainement pas celle apprise sur une landing page immonde bardée de call to action, certainement pas celle qui vous permet de titrer en 5mn.
Parce qu’un bon titre n’est pas un titre qui ressemble aux autres. Un bon titre est un titre qui va immédiatement poser le cadre d’une vraie expertise, d’une vraie identité de marque. Un bon titre est un titre qui va promettre un contenu unique.
Et je vous donne ma façon de faire un titre qui claque
Quelques règles de base pour faire un bon titre d’article
Et vous verrez que, ô coïncidence, c’est surtout du bon sens :
- Vous devez prendre votre temps
- Vous devez connaître la cible du contenu
- Vous devez savoir à quoi va servir le contenu
- Vous devez prendre des risques
- Il doit être en adéquation avec votre marque
Peaufinez votre titre comme vous peaufinez votre texte
Si vous ne prenez pas +5mn pour titrer votre article, pourquoi votre lecteur prendrait +5mn pour vous lire ?
Vous avez passé minimum un quart d’heure sur votre article, parfois plusieurs jours, vous pouvez bien lui accorder un peu de temps pour le mettre en valeur ! Prendre ce temps-là vous permettra de proposer quelque chose d’original qui sortira illico votre billet de la masse des contenus qui se ressemblent. On voit immédiatement si l’auteur d’un texte respecte son travail et son lecteur.
Au premier coup d’œil, on sait si on va avoir du fast-food sémantique ou bien une vraie réflexion derrière. Alors réfléchissez plus de deux secondes pour votre H1 !
Note : Vous pouvez écrire votre titre avant le texte, pendant, ou après. Il n’existe aucune règle en la matière. Il est même recommandé de considérer un titre comme n’étant pas définitif jusqu’au moment de la publication. Brainstormez, proposez plein de titres possibles jusqu’à ce qu’il y en ait un qui vous tape dans l’œil.
Votre cible déterminera la nature de votre titre, et inversement
Faire du « 5 méthodes pour » vous amènera des gens qui cherchent des contenus rapides et simples. Des gens plutôt habitués aux productions consensuelles.
Faire du « Pourquoi vous n’allez plus… » vous amènera des personnes angoissées et/ou très influençables. Des gens adeptes des quizz personnalité qui adorent que les autres leur dise ce qu’ils aiment et doivent consommer.
Vous pouvez titrer en fonction de la cible que vous voulez viser, afin de rameuter un persona particulier, mais gardez en tête que même si vous pensez ne pas calibrer votre H1, il ciblera de lui-même un profil. C’est pour cette raison que tous les titres se ressemblent selon le secteur d’activité.
On ne cessera jamais de le dire : étudiez vos personas !
A chaque but de contenu, son titre !
Vous voulez juste du partage, buzz et commentaires sur les réseaux sociaux ? Faites un titre interrogatif sur des mœurs, des habitudes, des recettes de cuisine, et PAF, but atteint sans trop d’efforts (oui, ça contredit un peu mon point N°1).
Vous voulez que votre texte soit perçu comme celui d’un expert qui a l’amabilité de prendre le temps de partager son savoir ? Parlez de « méthode », de « technique ».
Comme pour les personas, vous allez adapter votre titre en fonction du but recherché. Pour le titre de cet article, il était question d’intriguer, de pousser donc à la lecture, et de démontrer une expertise.
Oser sortir du lot pour titrer original
Oui, les méthodes classiques ont fait leurs preuves, oui, tout le monde dit que c’est comme ça qu’il faut faire, non, ce n’est pourtant pas obligatoire.
Vous savez que le cerveau humain s’habitue très vite à la publicité ? Ce n’est pas pour rien que ces dernières réinventent leur format sans cesse. Il s’agit de se glisser dans le quotidien des gens, sans avoir l’air d’être du racolage, de passer les filtres naturels intellectuels pour arriver à toucher la clientèle.
Sortir des classiques, c’est aussi s’assurer de ne pas être vu comme « le énième billet traitant de », et ce, même si c’est le cas (typiquement, ce billet en est la preuve).
Vous avez tout à gagner en tentant de nouvelles approches. Essayez les titres poétiques, les jeux de mots, les titres un peu vulgaires, les titres un peu mystérieux. TESTEZ. INNOVEZ.
Soyez des entrepreneurs, quoi !
Votre titre doit refléter le spirit de votre marque
Vous vous prétendez bienveillant et vos titres passent leur temps à faire des injonctions parfois mortifères ? Laissez tomber.
Votre marque est conçue autour d’un produit, d’un secteur d’activité. Elle parle à des personas que vous avez identifiés, elle vit sur le long terme au travers de votre communication en général. Vous avez pris le temps de faire un slogan et/ou un logo qui traduise vraiment votre engagement, prenez donc le temps de rendre toute votre communication écrite cohérente.
Ce titre et ce billet s’adressent aux gens qui veulent lire autre chose, vous l’aurez compris.
Il existe un vrai « art du titre »
Comme il existe un art de la bande-annonce. Pour ces dernières, il y a d’ailleurs même des récompenses, les Golden Trailer Awards.
Parce que l’industrie du cinéma reconnaît volontiers qu’un trailer demande autant de sens narratif et esthétique qu’un film tout entier, vous pouvez bien reconnaître qu’un titre demande tout autant de sens du verbe qu’un texte intégral.
Un titre de film, de livre, ou un titre d’article a exactement le même but : donner envie, donner une première saveur.
Alors, mijotez de bons titres pour emporter avec vous toutes les critiques !